Vous cherchez.
Vous cherchez à tendre le cou.
Non vers la mer.
Surtout pas dans les profondeurs de la mer.
Mais vers une flaque.
Comme on se penche sur un cercueil,
Vous vous penchez sur cette eau.
Une eau sans source.
Une eau sans mouvement.
Dans laquelle vous vous regardez.
Dans laquelle vous vous admirez.
Un instant.
Un seul.
Avant qu’elle ne s’évapore.
Et vous courez.
Vous courez dans les librairies.
Dans ces librairies que vous soutenez.
Dans ces librairies que vous aidez à survivre.
Vous ouvrez des livres de poésie.
Vous tournez les pages
À la recherche d’une nouvelle flaque.
Encore une flaque.
Toujours une flaque.
Une flaque qui ne dira rien de vous,
Mais qui vous laissera parler.
Parler de ses vers
Comme si vous les entendiez.
Comme si vous les aimiez.
Mais vous n’aimez rien.
Rien — sauf votre image.
Puis vous commentez.
Vous commentez pour fuir.
Fuir ce que vous êtes.
Parce que vous ne voulez pas le savoir.
Parce que vous ne voulez pas vous voir.
Mais vous croyez.
Vous croyez en votre beauté à travers un poème.
Vous croyez grâce à une flaque de poésie.
Afin qu’elle soit l’image.
Afin qu’elle soit la présence.
Afin qu’elle vous présente une image,
Une image que vous puissiez aimer,
Une image qui vous représente,
Aussi beaux que vous rêvez de l’être.
Si c’est cette poésie-là que vous cherchez,
En lisant mes poèmes,
Mes poèmes crachés au visage.
Alors...
Allez vous faire foutre.
Oui — allez bien vous faire foutre.

Te cracher de la poésie au visage